Mi(s)ScellaneaCorine

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Jésus et les psys (revu)

 

 

 

 

 

        Soient DA une droite et FC un point n'appartenant pas à DA, et soit P le plan contenant la droite DA et le point FC).

      On désigne par parabole de droite directrice DA et de foyer FC, l'ensemble des points M du plan P vérifiant : 

                               a (M,F) sur a (M,A) = 1

Si la parabole est donnée par son foyer F et sa directrice …. … si l'on nomme V le... dans le repère orthonormé, où ... a même direction et sens que... il s'ensuit que l'équation de la parabole est : 

 

 

 

y = x²

 

____

 

2p

 

 

Je plaisante. Courrez pas ! Ca ne veut rien dire !

 

Mais nous voici arrivés dans un domaine foncièrement sérieux.

Un peu de théologie ne nous fera pas de mal. Mais non, partez pas comme ça. 

Jésus, né il y a bien longtemps, était doté d'une profonde imagination. Etre fils de Dieu et fils de l'Homme ne représentait pas une mince affaire. Au seuil de la schizophrénie, il teint bon, prenant pour rampe la faculté d'abattre les frontières entre les voies suprasensibles et le corridor de l'épaisse réalité dans laquelle il baignait. Dans laquelle il plongeait.

Sur laquelle il marchait. C'est mieux, c'est plus rationnel.

 

Délaissant le patrimoine familial de la menuiserie, le choix de ses outils se porta sur l'image et les symboles, arts de vivre et d'enseigner.

Sachant que la vie ne saurait être longue, décidé à laver nos actes sur cuve pleine, avant de connaître la géhenne puis la gloire de son Père, Jésus se dit que quitte à prêcher dans le désert et l'écoute, il fallait inventer une parole qui réveille. Car Jésus était jeune.

 

 

La voisine, couturière à la vue basse, soignant ses rhumatismes en faisant ouvrage devant sa porte au soleil suivait l'évolution du bambin.

Elle l'oyait déjà quand, enfançon, il chantonnait d'une voix fluette les psaumes appris la veille,

Quoique raclant ses sandales et jouant avec les autres, sociable, il n'en n'était pas moins étrange.

Sa dignité de travailleuse qui ne demande rien à personne pour survivre obligea plusieurs fois la dame à aller voir Joseph qui ne parut pas comprendre. Mais où cet enfant allait-il chercher tout le poisson qu'elle trouvait sur sa table de cuisine, alors qu'elle n'avait rien la veille ? Cela partait d'un bon sentiment, mais comment allait-il tourner ? En attendant, presque aveugle, mais non dénuée de flair, elle s'entourait d'huiles et de bouquets. L'odeur du poisson, c'est tenace.



Pendant ce temps... le temps s'écoulait. Tout petit, à l'école, tenant son cartable dessus son épaule, Jésus travaillait ses intuitions existentielles. Esprit frondeur, extirpant ses tablettes de sa besace scolaire, son index s'attachait à dessiner la genèse et l'évolution de ce dont il allait faire une marque de fabrique. On naît précurseur, on ne le devient pas. Le tralala, les bulles, les surplis, les indulgences, les bagues et l'hypocrisie, c'était pas dans la besace.

Ainsi, s'il n'était pas le premier Juif à utiliser les paraboles, il les privilégia. La philosophie par la représentation, le dialogue, après le mystère. Entrer dans la vérité par des figures, par des images. Entrer en soi, comprendre. Appeler les questions brisant l'inertie. Une autre adaptation.

Non dénué d'humour, n'ignorant pas l’hébétude que confère la devinette, ravalant en certaines heures quelques spasmes d'hilarité, sa foi en lui n'en était pas moins ferme (c'est la moindre des choses, me direz-vous). Chercher était la marche essentielle pour une révolution de mentalités arrêtées. 

Les disciples s'égaraient des fois, comme de bien entendu, questionnaient, assimilaient.  



Jésus, confessons-le, fut tout de même un maître des nœuds infligés au cerveau.

N'appréciant pas le commerce, ni les déceptions derrière l'espoir (d'ailleurs, tant qu'il y était, il avait rendu la vue à la brave couturière), il n'y avait avait rien à perdre au jeu des questions.

Pas de : « c'est ton dernier mot, Pierre ? Soit c'est le pactole, Ibiza, L.A, Marrakech,... soit tu seras quitte des 3 prochaines récoltes auprès de Jean. Veux-tu appeler un ami ? Le sablier coule encore »  Non, non, rien de cela. 

 

Il était fréquent que sa parole porte, mais qu'on ne le croit pas, y compris en son cercle de fidèles adeptes. Un phénomène fanatique de preuves lui donnait bien du fil à retordre. Thomas ressassait beaucoup pour un jeune. Mais il dînait comme les autres, engraissant aussi peu, mais pas moins.



La parabole.

D'abord, aussi, quand même, à force. On peut se demander. Si l'on avait demandé l'heure à Jésus aurait-il su la donner ? Ca, c'est une question aussi qu'elle est bonne.

Scène, côté cour : 

- Jésus tu as l'heure?

- Fille, as-tu vu ta mère ? 

-  ? Euh oui, encore ce matin, mais...

- Ta mère a-t-elle toujours pris soin de toi ?  

- Oui, ça oui, pour ça bien sûr, mais je voulais juste...  

- Entre toi et ta mère, ont été les jours...

- ?! 

- Ta mère a-t-elle songé au silence du soleil fermé alors que tu criais famine dans la nuit noire ?

- Je, mais enfin, je, je, je ne lui ai jamais demandé 

- Ta mère savait, après la traite des vaches, après avoir mené le cheval à sa mangeoire, livré aux volailles l'orge et le blé que le matin était clos, qu'était venue l'heure du repas. En vérité, je te le dis fille, point n'est besoin de connaître l'heure. Les jours sont un baiser entre la vie et la nuit. Le temps de ta mort t'est inconnu. Aussi, ne te presse ni ne t'arrête. Va, simplement.

- C'est gentil je lui dirai. Sinon Simon, tu as l'heure ?

 

C'est comme ça qu'à l'époque, tous les gosses fréquentant Jésus arrivaient en retard.

 

Il regardait, écoutait, parlait d'avenir, poussait à l'introspection.

La vie, qu'en faire et pourquoi, pour qui.



 

 

Les psys, entre Socrate et J/C 

 

(pour un meilleur suivi, dans une pré-hilarité, voir un des chapitres précédents : « le "fou" et le psy »)

 

Il y a bien des subtilités dans les raisons de la démarche patient/psy, mais ignorons-les (sinon on n'a aucune chance de rire. Les traumatismes, les maladies, les couples qui se déchirent - liste non exhaustive -  n'ont rien de drôle). 

Il faut au psy une perception délicate. Ici point de question de tort ou de raison, de morale, de cieux. 

Parler d'avenir, pousser à l'introspection. La vie, qu'en faire, pourquoi, comment. Nous y revoilà. 

 

Pour nous risquer au rapprochement énoncé ci-dessus (entre Socrate et J.C), utilisons et abusons du cas le plus facile d'accès, au nom générique : le névrosé.

Car le diplôme minimum requis pour pouvoir passer la porte d'un psy pour un suivi soutenu est celui de névrosé. J'aime sa consonance.

Le névrosé est un spécialiste des auto-interrogations, des insatisfactions. Conscient de la réalité et monde, mais qu'il y a problème quelque part, il se décide à en découdre avec lui. Car il sent qu'il s'enferre. Décidé à s'apprêter à désigner ses attentes (chaque chose en son temps), ses résignations tacites, ses tiraillements, ses retraits, ses phobies, il reconnaît s'encastrer malgré lui dans un mur de pâte modelée par ses angoisses, immobile et muet. Il y a dysfonctionnement et il le sait.  

Le monde du névrosé est une forêt où les points d'interrogations pullulent comme des champignons. Le névrosé se laissant rarement en paix peut les dépasser d'une tête.

Il se décide, il faut agir. A un certain seuil, on ne sait plus à qui, ni comment dire. 

A ce stade, affecté d'une hernie du cerveau après les torsions qu'il lui a fait subir, il ne toque pas à la porte du psy, il y roule ! « Mammmmmmman, Papa - selon - je veux d'autres clés !!! Je suis malheureueeeeeeux »

Le psy ouvre sa porte à l'apôtre - ou au malheureux, comme vous voulez.

Car il est malheureux. Sinon, il sonnerait pas.Pied de nez



Si éloignés soient-il de toute croyance hormis celle qu'ils placent en l'Homme, les psys ont leurs cailloux-paraboles semés sur les déroutes. Si le discours et les silences sont clairs entre thérapeute et patient, parfaitement intelligibles, le premier a aussi parfois recours à la récupération d'une image.

Les paraboles du psy sont alors, par principe parabolique, elliptiques. Il s'agit d'établir des rapprochements et non de conter. Il y a des évidences de soi que l'on ne voit pas. Alors qu'il commence à pas mal connaître le patient, entre clartés établies et autres vérités pressenties, les indices cassent la croûte de questions nouvelles, assorties si besoin de métaphores. L'image, service et repère du sens. Quelques miettes tombent. Personne n'est parfait, mais on ne connaît pas encore de dent cassée sur une croûte.  

Elles n'en sont pas toutes, mais les questions-clés ne sont jamais posées au hasard, attendent un contexte pour s'énoncer, précautionneuses de leur poids potentiel.  

Elles aiguisent l'attention, la réflexion, intriguent. Les mots sautent sur les consciences, n'atterrissent pas toujours où il faut, mais creusent une nouvelle voie. L'accouchement est peut-être encore loin, mais la gestation est en cours.

Sonder, œuvrer au plus large, dépoussiérer, fouiller, soulever, retourner le terrain en espérant tirer récolte d'un nouvel engrais. Le but du psy n'est pas de changer le hamster, mais d'arrêter la roue du hamster. Car si ce dernier n'aime pas la semoule, il y patine. Et du coup, il y a fort à faire pour le ménage dans une cage.

Dans son divan, ou sur sa chaise, il apprend au rythme qu'il peut les mécanismes permettant de construire, d'arrêter d'imiter envers et contre lui l'action de ses ex-tortionnaires - s'il y a eu, c'est un exemple, de lui ôter cette chape de répétition plombée qui a fait ce qui coince et non ce qu'il est.

Le hamster doit cesser de s'infliger, le hamster doit sortir, s'adapter.

Car en vérité mes frères, le hamster du psy doit commencer à se vouloir enfin du bien.

Et ce n'est pas ce en quoi il est le plus doué, je ne le répéterai plus :-)



Les psy, s'ils aiment la maïeutique, aiment donc à l'occasion les métaphores, les jeux de pistes vers les clairières mentales. Reste à trouver les flèches, fondues comme des caméléons sur les bornes du parcours mental de l’apôtre combattant. Certains psys sont optimistes. Patient et psy s'y mettent à deux.

Le bon psy sait quel ballon il tient, sait attendre et viser pour lancer le ballon quand les mains sont prêtes à le recevoir. Il ne demande pas de dribbler (Paris ne s'est pas fait en un jour) et quelques balles roulent aux pieds du patient. Ce n'est pas grave. Le psy a gonflé une multitude de ballons qu'il cache derrière lui, ou avale (si votre psy est « imposant », ne vous posez pas de questions : il en a quelques-uns restés en travers par mégarde ou étourderie, tout en ayant la décence d'y survivre).

Un jour, un ballon aboutira dans le panier que le hamster n'aura pas rongé. Le psy aussi est confiant. 

Bien malin, malgré tout, est celui qui sait sans coup férir, derrières des échanges posés ou à bâtons rompus, repérer la raison de la question lancée un jour comme une piste à relier.  

Le psy peut être drôle, mais n'est pas un rigolo. Ou bien, il faut aller voir ailleurs. 

 

 

 

On a fait un petit tour fidèle, non ?

 

 


Sourire

Et pour conclure, légèrement et simplement, parabolons, nous qui ne sommes pas des psys.

Il y a des coquelicots dans le trottoir, c'est étonnant. Ils ne sont pas au bord, mais entre des craquelures, comme des herbes folles, en plein soleil de canicule. Ca résiste aux fortes températures, mais c'est frêle, un coquelicot. Ils sont sortis par la crevasse qu'il a fallu trouver au lieu d'étouffer. 

Le goudron est mort. Ils sont vivants, dressés, fragiles, mais ils dansent avec le soleil. 

 

 

Cette fois, j'en ai terminé avec le sujet. 

                                                                       

                                                                                   Corine

 

 

 



30/06/2018
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