Mi(s)ScellaneaCorine

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La névrose divine

 

 

Un jour, il y a eu un bin's. 

Une névrose divine engendrée par mimétisme. Névrose allégée, mais névrose déclarée, torpide.

Car un jour, l'ordre s'est inversé. L’Homme s'est mis à croire en l’Homme, jugeant que cela était juste et bon. C'était il y a bien longtemps, mais Dieu a commencé à souffrir de se sentir trop pâle dans ses vêtements, père chagrin de ses Schtroumpfs aux instincts patricides avoués, ou tartuffes.

Il est clair que si l'on part du principe que Dieu existe, on peut pleurer sur lui aussi.



Au loin, Descartes et ses pompes. Vade retro.

 

Il y avait bien un signe, au commencement : pourquoi créer un arbre et en interdire les fruits ? Ca me rappelle une clé d’or. On ne donne pas une clé pour interdire à son épouse d'ouvrir une porte. Même une ! On le sait, que les femmes sont curieuses, nom de .... ! Mais quelle idée aussi !

Baf. On a toujours eu des tests à passer, par un conte biblique, par des contes laïques... 



Enfin, reprenons le contexte sans arrière-pensée. Aller se chercher un problème pareil ! Ca sent le conflit intérieur, assis sur le bord ultra-périlleux de l'obsession du péril !

Avançons-nous toutefois avec la sobriété et la pondération qui me sont coutumières, les yeux ouverts de l'Autre Côté. Comment ça, comment ? Il y a bien des extralucides ! 

 

Il y a quelques siècles, Dieu s’est ramassé sur lui-même, les dents serrées sur ses orteils et s’est confessé que c’était bizarre, ce goût pour l'impossible. Et toutes ces conséquences. Lui-Même a repensé à ses devoirs de créateur, sans chercher à s'épargner. En repassant sur la mémoire de son Eternité, Il s'est redressé soudain, comme lorsque l'on a oublié le chéquier sur le toit de la voiture et que ça fait bien 100 kms que l'on roule. Un coup violent au ventre de l'Ame. Il en a bleui. L'Homme imparfait de nature ? Mais ce n'est pas tout à fait ça. Non, il a beau s'en vouloir, Il se souvient : Dieu était trop neuf, encore naïf.


Quoique ne pouvant honnêtement se reprocher de ne s'être jamais remis en question, l'incurabilité d'une imperfection semblait inaccordable à la Thaumaturgie Suprême.

Ce qui n'arrangeait rien, c'est que l'Homme craignait la colère divine, puis regagnait le lit de l'oubli de sa frayeur (les matelas y sont plus confortables). 

 

Sa noire colère depuis longtemps retombée, Dieu devint plus philosophe, résigné par empirisme. Il fit d'autres Tables d'un testament sans mort, qu'il conserva, écrites sous son Front, comme on conçoit un journal intime, comme on le fait pour ne pas sangloter trop fort.

Il écrivit de nouvelles versions explicatives, essaya de simplifier sans s'en satisfaire. On ne peut tout écourter sans ôter une part d'essentiel. Or, ce qui est fondamental le reste. Il s'y remettrait le jour d'après. Il les cacha cette fois, pour se motiver plus vite, derrière sa trousse et ses règles, bien rangées sous son oreiller (parce que ça peut être dangereux, entre toutes les mains). La nuit porte conseil.

Il tint parole, ne rugit plus, envoya le fiston qui reparla testament et morfla grave. Mais tout serait réparé. La religion n'en fut pas moins rapidement réutilisée pour servir des siècles durant l'obscurantisme, la mise en oeuvre de pouvoirs assassins et de peurs organisées dont des représentants furent aussi infidèles à Ses Préceptes qu'obscènes dans leur duplicité. 

Dieu mordilla sa barbe. Trop tard pour mieux faire. Il crut se faire une raison. « Nous nous reverrons un jour ou l'autre », chantonna-t-il sans joie.

 

 

On a beau être Dieu, les millénaires s'égrenant, les tourments immatériels se firent plus assoiffés que des sangsues sur des corps malades. Les remords se firent aussi violents que clairs avec cette certitude du sens de ne jamais intervenir. Le fiston avait tout dit. Un exemple tangible de l'imperméabilité à comprendre, pour un certain nombre (« "Moi merci", pas tous » pensa-t-il), pourtant si simple : le fiston était juif et d'aucuns semblaient tout faire pour ne pas le savoir. Les prétextes étaient divers. Parmi ceux de son Eglise, il fut dit que les Juifs avaient tué Dieu. Là, il tira la croix. Enfin, l'échelle.

 

Il y eut cependant les justes dans sa maison et les autres demeures, et chez les "mécréants". Par eux et en eux tous, Il reprit ainsi foi. 

 

 

Il ne put se retenir d'entendre que nombreux sont ceux qui rient au nez de son existence, mais l'injurient. Et de s'interroger derechef. 

Ne ratifient-ils pas ainsi son existence ? Ce n'est pas quand elle comptait le plus de vers nuisibles que la pierre qu'il avait souhaité élever fut attaquée, mais quand elle finit par compter le moins de corrompus (exceptés les irrécupérables pervers).  

Tout cela lui semble donc fort peu conciliable, mais il y a longtemps qu'il ne cherche plus trop de logique chez ses Schtroumpfs ailleurs que dans le foin du bon sens paysan, ou les mathématiques qui font des bosses (Dieu a toujours de l'arnica sur lui). Se mettre dans des états pareils pour ce en quoi on croit, ou ne croit pas lui semble absurde. D'hommes à hommes, affoler les grenouilles est peut-être le but. De ses milliards d'yeux ouverts, il voit que des bénitiers manquent un peu d'eau. Des ouailles chantent, d'autres coassent et ne l'ont pas vu. Son Esprit essuie la poussière. Ses yeux fermés le restent.   

 

Quand le moral revient, Il ne sait guère comment.

Alors, il y a peu de temps à son aune, sur ses états cyclothymiques, Dieu a lancé un appel qui a fait comme une voix de métal hurlant :

 

 

« Névrosé 2 %, cherche psy demi-tarif » 

 

 

C'est pas qu'il soit radin. Dieu a toujours été pauvre comme Job et n'a jamais eu le sens des affaires. Le fiston non plus. Mais non ;-)

 

Un mec est arrivé, tout mort, idéaliste, sur-diplômé en Psy. Le mec possédant une maturité, une juste mesure entre l'expérience acquise depuis son décès et celle de sa vie. + le diplôme, ça a eu l'air de coller.

Dieu commença les séances en tant que patient (allégé).

 

 

Ca c’est su, sans que soit sabordé le serment sacré de la déontologie. Ca s’est su quand même, sans sacristie, dans ce huit-clos sans les autres. Ca s’est ouï. Les serments ont sifflé sur nos têtes. Il faut dire que Dieu parle fort. Il y a longtemps qu'il juge qu'il a de bonnes raisons de penser qu'on est sourd, alors il ne se méfie pas.

 

Tout le monde ne voulut pas entendre. 

 

Mais après tout, tout ça nous amène pour de vrai à une question cruciale : SI DIEU EXISTE, CROIT-IL EN SON PSY ?

 

InnocentSourire

 

 

                                                                      Corine Caporlan

 

 



14/11/2017
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