Mi(s)ScellaneaCorine

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Ma liste et "mein" Zweig imaginaire

 

 

 

Je ne lis pas assez, me suis-je redit il y a peu.  

 

Arrivée enfin dans ces murs berçant la littérature, après des mois où je m’en étais fait la promesse, ma liste gonflée au fur et à leur mesure à la main, je suis restée fidèle à mes envies (même un peu plus). 

 

 

Stefan Zweig m’avait inspiré celle de découvrir un livre. En le cherchant, ma tête s’aventurant vers les déboires d’un torticolis à l’étage des dernières lettres de l’alphabet, j’ai été séduite par un second, un petit livre : "La Peur". Un bouquet de nouvelles du même auteur, dont celle de ce deuxième auraient pu me rendre plus cultivée au même prix !!! Mais le court bouquin de "La Peur" seul avait comme valeur ajoutée une magnifique préface. Je ne pus m’attacher à l'argument vénal du bouquet. Je laissai ce dernier privé de ces préliminaires et avant de tourner les talons, ramassai mon premier choix, déjà zieuté. Et de deux. 

 

 

Aucun blâme reçu sur l’amour que je porte à ces « vieux » ouvrages ne me retiendra d’emporter 2 ou 3 exemplaires d'Agatha Christie (que je meurtris en m'endormant passionnément dessus !). Et comment résister à son autobiographie ? Et surtout pourquoi ? Je ne m’achèterai pas de nouveau pantalon. Tant pis.   

 

 

Une librairie est un lieu de tentation terrible. Comme me l’a fait remarquer devant mon sac obèse d’ouvrages, une des aimables employées de la Maison : « on achèterait le magasin ! »

« Oui, dommage que je n’en aie pas les moyens », lui ai-je dit en souriant. J'ai idée qu'elle s'en doutait.

 

 

Avec soulagement, je me suis fait indiquer et remettre en mains propres « Les Morts de Notre Vie » que je m’étais - et que j’avais - promis de prendre depuis environ 9 mois !

 

 

"Pétronille" (je ne suis pas Amélie Nothomb dans un ordre précis !) a suivi joyeusement. 

 

 

Sylvie Caster et ses "Chênes Verts" ont été sortis de l’édition. Je me demande pourquoi. Ne la connaissant pas, si elle était sur ma liste, c’est bien qu’il valait largement le coup de faire la connaissance de son écriture (je devrai faire connaissance avec un autre de ses ouvrages, un jour, peut-être).

 

 

C'était il y a 2 semaines, le 28 juillet. Une pierre blanche s'est sentie obligée de faire le chemin pour marquer la date (humour).

J’en ai donc pour ….. mois !  (aucune idée) J’ai commencé, avide pour voir, la lecture de plusieurs livres à la fois.

Mon mode de fonctionnement, pour me garder d’une profonde dépression, est déjà d’alterner la lecture de Zweig avec une ou deux plus légères pour, bien sûr, aller jusqu'au bout de chacune.  

Dans deux mois, qui sait, peut-être serai-je persuadée que Pétronille Fanto a férocement refroidi de plusieurs coups de couteau, en plein Berlin, un dentiste dépravé, retrouvé mort pour de vrai, un soutien-gorge de Vivienne Westwood enfoncé dans la bouche (restée bêtement ouverte. Ca la fout mal et c'est pas esthétique). Un assassinat froid par chaud temps de fascination pour un professeur de littérature qui aurait refilé à la meurtrière le virus de la passion du théâtre et celle d'eux-mêmes, au sein de tourments obsessionnels, à évacuer par le crime (je suis désolée, mais les phrases de Stefan Zweig AUSSI sont longues, tout génie qu'il soit !Clin d'œil). Leurs noms seront unis en une rue, dans un joli quartier anglais où les écrivains promènent les chiens de stylistes snobs et insupportables, la cervelle installée dans une amnésie "confortable" de leur punk jeunesse, sans une balafre, sans désarroi. 

C'est un peu embrouillé, non ? ;-) 

 

Une librairie est un lieu d'attraction, de culture, de plaisir, de légèreté, de découvertes d’étonnements, pas un collaborateur du Prozac.  

Et avec Zweig, je trouve qu’il faut s’accrocher.

 

....

C'est un blog. On a tous les droits, même les plus fantaisistes sans se prendre au sérieux attaché à des personnages, pris par une opinion, ou un bouleversement, un "accroche-coeur", une tendresse, une indignation,... (les raisons sont vastes). Gonflé, vu la carrure de l'auteur ? Mais il n'y a pas de grenouille, ou de boeuf qui tiennent ! Juste une envie de ne pas connaître de frustration. Une envie, ça se respecte quand elle ne blesse personne. Or... !

Zweig, donc, que je n'avais jamais lu, ne me laissera pas en paix sans en faire quelque chose.

Je me laisse à imaginer une courte lettre, de l'ancien professeur à Roland (cf. « la Confusion des Sentiments ») des années après leur séparation définitive :  

 

Ils sont venus, année après année, ces jeunes vers, attirés par le serpent brûlant, ils sont restés happés, le temps de leurs études, mordus par la même fascination que d'autres, avec cet embrasement tétanisé. 

 

Une figure de proue, une idôle. Un contrôle de façade

Je termine ma carrière.

Il n'y a plus eu de dictée, ce n'est venu à l'esprit de personne et quelque volonté se serait présentée, je l'aurais refusée. 

Je suis resté ce lion apeuré des regards. Mon épouse est là. Elle a fait quelques voyages qui lui ont donné le goût du repos. Nos solitudes se parlent encore ; la sienne est gaie.

Mon extase est morte, ma verve s'est enrouée, mes sentiments sont vieux. Mon désir n’a plus de corps, plus de maladie, il tousse sans fièvre, sans humeurs. Il se tend sur des scènes qu'il rappelle à lui. Je jouis tristement dans la sentine de la ville et celle de ce qui subsiste, mécanique, de mon appétence. Je n’ai plus honte, il faut être vivant pour cela.

Ma vie de curare mâché, ma vie de dieu en état de déréliction résignée maintenant.

 

 

Il faut être honnête jusqu'au bout. Peut-on croire dans une souveraineté spirituelle dont on vous gratifie ? Aurais-je pu être ce détenteur exclusif ? M’être satisfait de cette naïveté, dans mon professorat, est un bien grand mot, étant, pour ma part, sans fidélité aucune à ce culte. Une hypnose d'émules qui s'attiédiront, pensais-je. 

 

Toi, c’était autre chose. Tu m'as rejoint et soulevé. La vie, "l'anima". 

 

Que je croyais dans mes paroles de pédagogue, n’en doute jamais. Mais la dérision de tout cela, vois-tu, est que la foi en ce que j'étais prend des forces pleines maintenant, alors que je respire - car je respire encore - dans cette inanité. 

 

 

 

Ce que nous avons connu m'est inchangé, m'est chèrement intact.

Quant à toi mon ami, mon amour, mon enfant, m’as-tu oublié un peu, me gardes-tu en rancune ?

Tu as réussi à t’échapper, tu m’as écouté.

T’avoues-tu toi, tout, sais-tu tout de la vie, de toi ? Comprends-tu ? Te caches-tu à ton tour ? Je ne le crois pas, je ne l'espère pas. 

C’est moi, le prisonnier. Je l’étais, je le serai "toujours". Je suis le plus grand tortionnaire dont l'art de malfaire, en délirant d'amour ou de jeu, se retourne sur lui-même.  

Je me souviens, je n'oublierai jamais. Aimer, de Charybde en Scylla. Tomber.  

Le repos est une image sainte que je n'ai pas su regarder. Le diable m'emporte.

 

 

 

Je suis fatigué, d’une autre fatigue et peut-être ai-je du mal dans mon analyse, mais après tout, Solitude et divinité font bible commune. C‘est peut-être là, dans ce qui n’est plus qu’un reliquat d’existence, que je peux m’approcher de ce "Dieu qui se cache dans l’intérieur" des toits. Il faut encore descendre, avant que le diable tombe dans le toit. Il faut trouver le dernier masque. 

 

 

 

Après tout, tous les toujours se terminent.

Je vais quitter ces obscurités, leurs chapes se déchirent et s'écartent. J'ignore encore s'il s'agit de lumière. 

La passion Roland, la passion, en cela, j’ai toujours cru absolument. La passion capitale.

 

 

Comme tu le sais si bien, de nos ferveurs, penchés sur ces pages : « we are such stuff as dreams are made on, and our little life is rounded with a sleep. ».  Adieu, Mon Cher Roland. Adieu Shakespeare.

 

  

Disons que la lettre a été perdue si on veut croire à ce que l'on invente - tout en sachant très bien ce que l'on fait. 

 

 

Car en vrai, dans le roman, Roland, âgé, confie : 

« Jamais plus je ne l'ai revu. Jamais je n'ai reçu de lui ni lettre ni nouvelle. Son livre n'a jamais paru. Son nom est oublié ; nul ne se souvient de lui, en dehors de moi. (...)»

 

C'est tellement triste, même en fiction ! Non ?!

 

Souffler, respirer.  

Alors Pétro, où en étions-nous ?

 

                                                   :-)

 

                                                              Corine 

 

 

 



13/08/2017
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