Mi(s)ScellaneaCorine

Mi(s)ScellaneaCorine

Wordless despite writing

David Bowie 2020.jpg

                                                                                              Un autre espace

 

 

 

 

     Mon collage très amateur me ramène encore quelques années en arrière. J'ai pourtant vécu des choses heureuses avec de bonnes personnes, mais des beaucoup moins gaies, pas mal aussi. Je me rappelle cette fichue scoliose galopante, dès 13 ans. Je me souviens des positions recommandées pour la stature, insuffisantes, les séances de kinésithérapie assidues, puis l'indispensable, LES indispensables corsets en plâtre, tels qu'on les faisait à l'époque quand la situation dégénérait en dépit de tout (on en fait toujours, mais un peu plus commodes et même jolis, avec, heureusement, des livrets permettant aux enfants et aux ados de mieux le vivre), sans oublier (je pourrais mettre des tirets) les séances de kiné restées imperturbablement tri-hebdomadaires, les radios tous les 2 mois, l'impatience d'une liberté quand on m'ôtait un corset, le premier soulagement gâché par l'impression de ne plus savoir correctement tenir debout, de fléchir ; impression peu durable, puisque le nouveau plâtrage remplaçait le précédant en quelques heures. Malgré le tissu, je me souviens des bulles de plâtre sec rentrant dans la peau, des vergetures, de la raideur, des privations, de limites, de cisaillements et donc de douleurs. Mon dos, quant à lui, ne se prononçait pas sur la situation. Je ne lui reprochais rien, ne souffrant pas par lui.

 

Je me rappelle ce par quoi on passait tous à ce stade de torsion : le corps allongé sur une table, la tête étirée vers l'arrière, les pieds vers l'avant tandis qu'à trois, ils faisaient leur moulage sur moi. J'avais beaucoup grossi et je me l'entendais chaque fois reprocher par le médecin diplômé en "Médecine Physique et  Réadaptation", mais déficient en Délicatesse. Il est vrai que toutes les jeunes filles rêvent de faire 24 kg de plus en 1 an (+ le poids du corset !) et qu'il fallait leur mettre des points sur les "i" du mot chance. 

On me remettait après tout cela, rigide, sur pieds, me faisait asseoir et j'attendais. C'était chaud, puis froid. Le plâtre séchait et j'étais prise dedans comme une statue aux bras et à la tête mobiles, aux épaules légèrement surélevées (d'un glamour étourdissant).  

 

Dans cet essor de plaisir et de sensualité, mon kiné (Monsieur Blanc, hommageClin d'œil) pourvu d'un réel tact, conscient de la honte que je ressentais de tout cela et de celle que provoquait la découpe à la scie (chic ! Pas de tronçonneuse !) de la "fenêtre" au niveau du torse de l'ado qu'il avait devant lui, appelait la secrétaire du cabinet. A l'instar de notre Sherlock Holmes le plus international (le génial Jeremy Brett) hélant sa logeuse, Mme Hudson, il faisait mine de s'époumoner : « Madame GRIMMMMAUUUUUUD ! GRIMAAUAUD !». Mme Grimaud (orthographe incertaine) arrivait, souriante. Bien que ne pouvant rien pour la découpe, elle posait sur moi son regard de femme tranquille. Ils savaient tous deux qu'ils me faisaient rire quelques secondes. Mme Grimaud s'en retournait. Le corps avait trahi, la médecine ne pouvait pas faire de miracle, mais la gentillesse me touchait.

Il n'en restait pas moins qu'il était vital de s'échapper plus haut, durablement. Lors de ces années (2 et demi), j'ai appris à me détacher de certains moments, psychiquement et physiquement, à répondre sans être là. J'étais déjà dans la lune, mais j'ai appris à sortir de l'instant (sans toujours y réussir), à m'étourdir pour sortir un peu du mal-être.

Nous nous étions découvert, M Blanc et moi, un goût commun. Alors qu'il me parlait de son affection particulière pour "Rock'N'Roll Suicide", j'y répondais, mais chantais d'une voix résolument imperceptible : « (...) all the knives seem to lacerate your brain, I've had my share, I'll help you with the pain, you're not alone, (...) ». (...), puis changeais de chanson et de ton : « Staying back in your memory are the movies in the past(*) ? How you moved is all it takes to sing a song of when I loved ». BA da da da ! Etc...

 

Cette musique interne où vivaient des ressources et en réponse silencieuse à M Blanc, était plus forte que tout pour passer au-dessus de ce que je voyais de ce tissu, de ce matériau trop épais, et de ce bruit. Elle ne m'abandonnerait pas.

 

 

Vous m'étiez déjà nécessaire avant que je sache devoir un jour me soigner de quoi que ce soit, mais lors de ces soins, nous parlions de vos mots, Mr Bowie/Jones. Et sans le savoir, vous m'aidiez déjà à partir si loin.

 

 *************************

 

2020. Changes ? We're definitely still the same here....

 

It affects us all, we're all concerned because yes, indeed we have to choose : « I've got 7 days to live my life or 7 ways to die » as you symbolically sang it. True.

In a world where we'll have seen a few percent of when we pass away, in a quite short estimated lifetime... It's so uncommon to be able to grab, understand, transform and create as you did.

 

« Gimme your hands ».

A moral backbone due to your weird, tremendous, stunning music and portrayed worlds. Without omitting your so british sense of humour Sourire.

Unforgettable inwardly forever.

In spite of "all" (and so little) I've written, wherever (just for me, or on this blog), I'm still wordless and I always will. There has been a new kind of vacuum since this despicable day. 4 years already and yet... a gaping wound. We are millions in the world mourning you but despite some common facial features, each sorrow has a unique face.

 

                                                                       Corine Caporlan

 

 

 

 

 

 

(*) "All the movies in the dark" dans la première partie de la chanson). 

 

 

 



10/01/2020
15 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 23 autres membres