Mi(s)ScellaneaCorine

Mon blog s'est ce matin pris pour un questionneur. Des heures à cogiter dans sa jeune curiosité, il m'a pressée de questions. Ayant admis que s'il y a interview, il ne dispose néanmoins pas de star, il a insisté. Attaché attachant, je crois qu'il aime cette vocation autant qu'il a de sympathie pour sa fondatrice. J'ai répondu, ce qui m'a permis de développer une ou deux phrases que j'avais juste survolées un jour. Ce n'est pas fait pour pleurer.

Le Blog :

Corine, que considérerais-tu comme un progrès ?

Je vais te répondre par du simple bon sens. Le progrès, pour moi, serait de perdre le systématisme d’appliquer tout ce que l'on découvre. L'Histoire a été capable de cacher certains crimes pour le "bien" commun, mais on est infoutu de ravaler certaines formules pour prévenir de carnages et de régressions planétaires. En cela, la liberté s’est échappée. 

Revenir en arrière est-il impossible ???

Pour le temps, tu as déjà la réponse, évidemment, mais si le plus vieux walkman n'a pas de touche "erase", il a toujours possédé une touche toute simple : "rewind". Faire taire son orgueil, rembobiner l’idée, la cacher dans sa mémoire quand c'est nécessaire, se taire. Cela pourrait, mais c'est utopique. Après la découverte de ce peut produire l'énergie nucléaire, après l'application des bénéfices thérapeutiques monumentaux de cette détonation scientifique, récupérer le radium et ne pas avoir su "s'étouffer" a été le machiavélique premier pas. On sait qu'il n'y aura plus de touche rewind. La dénonation prend une autre portée. C'est un des partages les plus universels. Sans faire de philosophie de bazar, curieux déterminisme sans vrai choix, qui nous laisse sous la coupe de cette folie (assassine et suicidaire). 

J'aurais volontiers pris un autre exemple, mais il est assez difficile de ne pas penser aux deux hystériques qui se menacent sur le sujet quotidiennement. Humainement, il y a le pardon, cette très belle phrase de Desmond Tutu : « there’s no future without forgiveness ». Sinon, il y a les intérêts, il y a la peur. L'Amérique et le Japon parlent ensemble de ces bombes...

Qu'est-ce qui t'ennuie le plus dans la vie, toi ?

Tu as raison de me poser cette question, car c'est au moins aussi grave.

En me creusant bien la cervelle je te répondrai : qu'y a-til de plus ennuyeux AU MONDE que de se couper les ongles de pieds ? C'est pire que laver le linge à la main, pire que frotter des chaussettes.

Le top ! C'est assommant, mais ça te focalise. La puissance de concentration que demande cette tâche est extraordinaire. Toute autre représentation, devient fugace. Je pense que c'est l'unique soin de soi qui exige que l'on ne pense qu'à lui. Même une activité ménagère n'en demande pas tant : l'esprit s'y évade autant qu'il le veut. Mais pour la coupe ongulaire, en dépit de son air discret, niet ! Sans quoi c'est l'ongle coupé au ras, l'incarnation malheureuse, la chair douloureuse, le supplice, les Urgences (je ne me plains pas : c'est du non vécu).

Tiens pour acquis, Blog, que je viens de trouver la thérapie idéale à ce mal ancien dont on s'occupe médiatiquement en ce moment : le « over thinking ». C'est LA solution ! J'espère que tu es fier de moi.

Une petite réticence : ça ne marche que sur soi. Et dix orteils, même en étant précautionneux, ça ne prend pas un trimestre. 

Et on ne peut pas passer à ceux de quelqu'un d'autre ?

Ah non, non ! C'est bien une idée de blog, ça ! On risque d'ailleurs de blesser. Et là c'est dans la chair, le supplice, l'hémorragie, le CHU, et pour un peu qu'il n'ait pas de pot et se chope une maladie nosocomiale gravissime, ton cobaye, c'est le retour sans retour ; baguant son orteil et son ongle torturé, un petit carton dépassant du drap qui recouvre la victime tout entière. Tout ça pour ça ! Oublie pour la thérapie, je me suis laissé emporter !

Y a-t-il des textes que tu t'interdis de publier ?

Interdit n'est pas le mot. J'ai bien conscience de ce que j'écris et ça ne met personne en péril. Il y a en a un que je n'ai encore jamais mis en forme, ni osé publier, mais c'est autre chose qu'un interdit qui bloque. C'est un doute, c'est la fameuse mise en balance : le rire en vaut-il la peine ? Oui, mais à quel prix ? Il faut prendre le courage de risquer faire un bide avec, qui plus est, un sujet un peu "limite", cocasse ! Je m'étonnerais de ne pas le sortir un jour où la tentation d'amuser sera la plus forte. Et puis, on n'en mourra pas, toi et moi ! 

Es-tu jalouse du talent des jeunes qui sont issus de la télé-réalité ou + simplement que penses-tu de la télé-réalité brute ?

Du ??? Talent ? Allô ? Je vous perds là, je ne vous entends plus. 

Eh bien certainement, je ne peux qu'être jalouse. Car si Catherine Deneuve et sa pitoyable carrière en est au point d'envier celle de Nabilla quand elle avait son âge (dixit Nabilla), je ne réponds plus de rien. Ma réflexion s’est accidentée sur le buzz. Quand j'en ai pris connaissance, j’ai failli appeler l’annuaire en personne. Ma récupération a été longue et rude.

Le grand regret de ma vie sera assurément de ne pas avoir été enfermée face à un écran auquel je me serais confiée, toutes pommettes et poitrail saillants, la moue aguicheuse. J'aurais dû investir exprès ! Cloîtré selon ses vœux sans spiritualité, dire des âneries et, plus grande bêtise encore : se prendre au sérieux... ?! Les pauvres.

Il y a même des codes pour se mettre en colère, dans la télé-réalité.

L’authenticité a encore un sens, même pour les défauts. A 18 ou 20 ans, j'aurais dit exactement pareil.

Avant le trait de génie de Nabilla, "Allô" était une forme d'appel, dans les Landes par exemple, où le mot peut servir d'interpellation. L'expression s'est élargie, depuis l'invention du téléphone (en l'an Nabilla - ??? J'ai une lacune) à la sauce des régions.

Assurément, un brevet aurait dû être déposé, mais il leur manquait le shampooing. On ne peut pas tout savoir. Elle, Nabilla, sait. C'est pour ça que Catherine Deneuve a des cheveux à se faire. 

La télé-réalité est une profonde nullité. On ne peut pas envier ces prisons mentales, ce contentement ébahi du candidat pour le moindre de ses gestes, dans la moindre de ses apparitions. Dans 10, 20 ans, assumeront-ils ? « Papa c'est toi qui pète dans les WC ???? » Classe ! Ca valait le coup d'investir dans les gels coiffants.

Se retenir d’être un bouffon, avoir pris le mot pour une insulte laisse oublier la récréation du burlesque. Se prendre trop au sérieux n’empêche pas le ridicule. La télé-”réalité” (bien éloignée de l'authenticité), pour moi, c’est ça.

Le bouffon était choisi. S’il s’était avéré imbécile, les rois l'auraient laissé en guenilles. Le bouffon était drôle, malin, intelligent. L'esprit du bouffon faisait la différence.

Un jeu cruel ? La TV-réalité en est un, avec tant de témoins. Consternant. 

La politique ?

Je me contenterai de dire que je me demande ce qui se passe dans leur tête et où un jour, si cela continue comme ça, eux-mêmes penseront s'échapper.

La question d'ordre pratique d'une ancienne innovation qui perdure et te tourmente ?

Tu fais bien de me la poser, celle-ci aussi, je te remercie. Oui, tu as raison, c'est un tourment, car je n'en ai jamais trouvé la réponse. Si quelqu'un a une piste ? La voici : quel postérieur a-t-il jamais été reconnaissant de l'invention du papier hygiénique parfumé ? Qu'en est-il de notre bénéfice ? A la lavande, à la violette, au muguet ? (liste non exhaustive). Si ce dernier porte bonheur, dire en quoi, dans ce cas de figure - si je puis dire ?!! Ce qui est de plus extasiant dans l'affaire est que cela fait des années que ça fonctionne ! Lol (je sais que ça c'est juste une phrase que j'ai déjà élégamment exprimée une fois ! Mais c'est vrai ! Non mais, allô quoi !).

De petits agacements où ton étourderie n'est pas en cause :

Bof... Les céréales qui tombent du mauvais côté ? Les pages arrachées du seul article que je voulais lire ? La pince à linge restée cramponnée à ma veste alors que je suis dehors depuis 3/4 d'heure ? Ah mince, je suis hors sujet ! Ca, c'est de l'étourderie !!!

Quelle expression t'amène/t'inspire une réflexion dans la vie courante ? Un exemple ?

Il m'est arrivé de penser : c’est le genre de personne qui avait peut-être la lumière à tous les étages, mais qui n’a fait aucun effort pour renouveler l’abonnement ! 

Une remarque sur la vie ?

Une ? Le temps est pressé, la vie ne l'est pas forcément et on ne sait pas toujours attendre. Il arrive qu'on se croise.

Es-tu autant, moins, ou plus sélective qu'avant ?

J'ai les mêmes goûts qu'à 20 ans mais je n'aurais pas élargi la collection, là je m’inquiéterais. Autant pour les idées que les goûts, d'ailleurs.

Ton acteur préféré ?

Anthony Hopkins, ou Christopher Walken (pour ce dernier, je regrette que les metteurs en scène manquent un peu d’imagination. Je me suis gourée de DVD tellement les scénarios se ressemblaient !).

J’aime toujours Dupontel de la même façon.  

Un ou deux films préféré avec l'un et l'autre  ?

Pour Hopkins, entre toutes les réussites : « Les Vestiges du Jour ».

Pour Walken (pour lequel, je dois dire, j'ai davantage d'affection, sans l'admirer plus, parce que c'est impossible dans ce domaine d'art), "The Dead Zone", ou "Quatuor". Par exemple. J'adore Walken. 

Actrice ?

Je n’ai pas une actrice préférée entre toutes. J’en aime certaines comme Stéphane Audran, Isabelle Ajani, Isabelle Huppert, Ludivine Sagnier, et d'autres….

Si tu avais été actrice, quel personnage peu connu aurais-tu voulu incarner ?

Sans aucune hésitation, Jane Avril ! La danse soigne de toutes les tensions et Jane Avril était une personnalité à part. 

Les acteurs aiment aussi les mots. Quel est ton mot préféré ?

"Immarcescible", je l'adore, celui-là. Merci à Franck Ferrand, qui ne me lit pas (!), d'être celui qui l'emploie le plus !

Pour finir, aimerais-tu que les gens s’interrogent par écrit ouvertement comme nous venons de le faire ?

Enormément, je serais l'une des premières à lire. Ecrire délibérément permet à l’autre de mieux vous connaître s’il en a envie.   

Merci Corine

De rien, le Blog

!!!!!!!