Mi(s)ScellaneaCorine

Mi(s)ScellaneaCorine

Un simple rêve de passage

Et puis, une nuit j’ai fait un rêve (pour la clarté du propos, ce n'est pas parce que je débute par "et puis" que quelque chose précède ailleurs que dans mon esprit. Mais le rêve eut réellement lieu ainsi que décrit). 

 

Dans mon jour de somme, je me levais et découvrais avec stupeur un message de gouttes fines argentées, né dans ma main droite. Ce n’était pas celle de mon avenir. Quoique presque incolore, ses scintillements sur la couleur de ma peau m'autorisait à le lire. A sa lecture, je reçus ce contenu immatériel comme on vit une immense émotion, mais je le pris aussi comme une erreur. Etait-il là pour quelques minutes, quelques heures ? Tout en prenant garde de n'appuyer ma main sur aucune surface, par prudence je le recopiai.

 

Le rêve, ce film qui procède de lui-même par séquences que nous vivons si fort... Au plan suivant, le jour était largement installé. Je me trouvais sur une voie montante, paraissant oubliée, mordue de rocailles piquées de fleurs folles se rebiffant, contrariées glorieuses enjambant la pression que leur faisaient endurer les pierres. Autour, des maisons discrètes, de plain-pied, aux volets marrons, aux murs de jardins chaperonnant de hautes fleurs sauvages. Pas un visage, pas un bruit. Je remarquai qu’on aurait dit qu’il n’avait pas plu depuis longtemps. Aucun tuyau ne s’accrochait aux murs, ni n'avait été planté dans le sol. Rien n’était moisi, rien n’était rouillé. Pourquoi me fis-je cette réflexion si piètrement logique ? Je n'en sais rien et c'est un rêve, mais à mieux y regarder, rien n’était sec non plus.

Je me demandais si j'étais si complètement seule. Me serais-je trompée ? Je poursuivis. 

 

 

J’avais enfin aperçu sa silhouette. Il n’était pas si loin. Le parcours était divisé, accessible et ardu. Je courais devant les rocailles et les murs, puis grimpais avec difficulté derrière ce grand blond, robuste. Je savais que ce message ne m’appartenait pas, qu'il lui était destiné. Je vérifiai : les lettres étaient toujours visibles dans ma paume, mais il y avait urgence, j'en étais certaine. Elles étaient la preuve. Je courais. 

Il n’était pas question de passé. Je tenais une maxime d’éternité, une philosophie qui avait pris pour support le tégument d'une créature parmi tant d’autres, de presque hasard, pour rattraper la vie et réparer une omission. Je n’étais que le passeur qui connaissait une partie d'histoire.

 

 

L’homme ne marchait pas vite, mais ses genoux montaient très haut, comme si les jambes étaient doubles sous un corps pourtant lourd. Ses bras étaient larges. Son t-shirt délavé laissait voir un collier plat de métal argenté. Je me rappelai soudain une jolie histoire aux rebondissements hebdomadaires, en cours d'Anglais de 5ème : "The Silver Circle". Trojan ! Jamais, en toutes ces années, elle ne m'était revenue. 

Mais ce n'était pas le moment de réviser mes souvenirs. L'écart s'élargissait encore entre nos deux silhouettes.

 

 

Dans le silence que nous partagions, sorties de nulle part, neuf ou dix personnes se ruèrent sur lui. En moins de deux minutes, ce ne fut plus dix, mais un groupe, l'assaillant de questions.

Je renonçai temporairement à croire en un accès propice à la communication. La nature m'écoutait, buvait l'instant. Je vis des campanules blanches abandonnées mais vives, m'encourager de leurs pétales attentivement penchés sur mes efforts galopants, mon papier à la main et mes mots, mes mots à moi, que j'entendais recouverts. Je calmais mon impatience. De toute façon, il ne fallait personne alentour.

Les campanules qui ondulaient maintenant sans un souffle de vent, m'invitèrent à divaguer ensemble. Je sentis qu'un peu de repos m'était nécessaire. J'avais encore un peu d'eau et recouvris mes esprits.

 

 

 

A la troisième tentative, alors que des cailloux roulaient sous mes sandales, l'ours blond, seul, sous un ciel jaune et blanc, se retourna d'un air aimable, mais surpris, regarda ce facteur sans lettre, tenant une maigre feuille un peu crispée et une main droite tendue, face à lui, la pointe des doigts dans le sens du ciel. Il écouta l’émissaire essoufflée, aux vêtements salis, prononcer de courtes syllabes en préambule. 

Je me souviens qu'il sourit dans sa barbe en léger désordre, je vis qu’il saisit aussitôt ce qu’il déchiffrait. Il déglutit discrètement. Le feuillet se détendit alors, les lettres de son père dans ma main disparurent, de pied en cap.

Je souris à mon tour et regardais, par réflexe, les prunelles. Ses iris exprimaient la descendance. Son visage expressif, en partie caché, bien sûr aussi. J’entendis son « Merci » qui me fit plaisir pour sa gentillesse, mais que j'estimais ne pas avoir à recevoir. Je l'exprimais. Chacun repris sa pente, sur nos sens opposés, quant à moi, tellement plus légère. Non, décidément, il n'y avait aucun remerciement à me donner.  

 

 

 

Quand j'ouvris les yeux, évidemment, je n'avais plus aucune phrase en tête, ni rien à faire passer.

Je me souvenais que l'air cuisait. L’horizon mijotait dans le calme des destins.

 

Ce n’était "qu’une" fiction onirique, mais le bien-être se prolongea une journée entière.

Just for one day ? 

 

 

                                                                         Corine 

 

 

 

 



08/10/2017
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