Mi(s)ScellaneaCorine

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Le rat : une cause perdue ?

 

Un petit billet pour une cause perdue : le rat.

 

 

Les esprits sont exigus. 

« Les rats ont envahi Paris », ai-je lu hier. On a perdu Reggiani en chemin, mais il fallait la faire. 

 

A tout problème, il faut une solution, ou tout au moins, une théorie.

Les gens souffrent de solitude. Mes longues études en économie et management Clin d'œil m'ont enseigné que l'on endiguait l'isolement par la compagnie.

 

Quoi de plus économique qu'un rongeur ?

Le rat est en effet omnivore.

Il faut s'écarter des idées reçues. Le rat n’aime pas seulement la farine, il apprécie le pain. Qu'y a-t-il de plus simple que le partage d'une baguette à deux ? Regardez ce geste, regardez ses mains, elles ne vous rappellent rien ? Un peu les nôtres, en toute bonne-foi. Je sais, ça vous chagrine un peu, on a sa fierté. Mais ne faut-il pas la placer où il est juste de le faire ?

 

Si vous êtes à la recherche d'un intérêt plus substantiel (l'humain est cupide), lancez-vous dans les selfies et les montages rapides. Choisissez des thèmes, abordez-les avec originalité et insolence et montrez-vous, réunis, votre rat tout neuf et vous, sur le réseau de votre choix. De paires d'yeux en paires d'oreilles, vous ferez le tour du monde, joints par les marques des plus grands, avec une part d'intéressement sur les profits générés par les pubs. La gloire, le T4, les suites d’hôtels, sex and drugs and rock'n roll and so on... Pour vous, l'humain.

Grâce à un, ou des rats.

 

Le rongeur n’est pas d’un tempérament compliqué. Doté d’une grande sensibilité, votre cohabitation sera peut-être plus facile que celle que vous entreteniez avec votre ex, ou d'anciens colocataires qui vous ont laissé vous débrouiller avec le loyer impayé. Je ne peux que vous approuver : le rat fera probablement preuve de piètres performances dans vos accommodements avec votre propriétaire. On ne peut pas tout avoir. 

 

Comme le savent pertinemment les experts scientifiques, il est doté d’une intelligence agile. Nous sommes génétiquement beaucoup plus proches de lui que nous souhaitons y penser (je me suis approchée de cette proximité à pas de loup, en introduction). Il ne lui manque que la parole. Mais au singe aussi.  

 

Poursuivons notre démarche et imaginons : vous souhaitez tendre la main au rat menacé par les brigades de Paris. Il y a donc l’embarras du choix, vous n’avez pas à enquêter sur ses lieux de fréquentation, puisque que l’on a fermé des espaces verts afin de l’attirer déloyalement - sans préavis - vers des pièges qui lui seront fatals.

Vous choisissez votre rat, l'amenez dans votre habitat, l’époussetez un peu, le passez au shampooing une bonne heure sans prêter attention à ses protestations. En ce domaine, vous ne FAIBLISSEZ PAS. De l’anti-poux, un ou 10 vaccins, une petite cage, un balcon, voilà ! Lui et vous êtes fin prêts pour une belle aventure d’amitié et de solidarité.

Les principes fondamentaux sont à inculquer immédiatement : un kleenex par patte, afin de limiter les micro-organismes et diverses émanations de miasmes pour la bonne tenue de la maison et celle de votre santé. Un lavage quotidien sans faute. Ca n’est pas parce que l’on est seul et peu fortuné…(je rappelle le schéma de départ : une solitude massive avec laquelle il faut en découdre, ce à quoi s'ajoute fréquemment un contexte social baignant dans une panade insistante Incertain. Mais rien n'empêche le riche en famille de sauver un mammifère traqué !). Il n’y a pas de raison. Le rat apprend vite. Et vous êtes deux (ou plus). J'en reviens à l'hygiène. Enseignez-lui l'auto-discipline : patte gauche, patte droite, par-dessus par-dessous, debout, couché, en position latérale de sécurité. Rendez-lui la vie facile et ces quelques contraintes ludiques.

 

Maintenant, ne passons pas de manière frivole sur ce sujet capital comme nous avons semblé le faire : comment vacciner un rat. C’est une bonne question qui doit se présenter au plus tôt.

Lui présenter un mets de choix tendre (ou une rate, pour le plaisir des yeux), ou les céréales que vous avez rechigné d'honorer au petit déjeuner. Prévoir une tension rapide et nerveuse d’un index et d'un pouce de votre choix simultanément, s'emparer de son extrémité caudale, exercer une pression, le virer dans une boîte où il ne se cognera pas la boîte crânienne et le conduire chez le véto le plus proche, ou le plus libre. Ce sera sa première consultation. Un tranquillisant est tout indiqué, car le rat a peu d’entrain pour la fréquentation des espaces où sévit une hygiène compulsive. Il a également su par la famille et les copains des copains retrouvant des connaissances dans des poubelles du quartier combien il est dangereux de voir de près le corps médical. Il soupçonne toute blouse blanche d’une complicité avec les labos.

 

De nombreux vétérinaires sont compréhensifs et un petit limage de dents sera discuté. Payable 3 fois sans frais. Prévoir une stérilisation pour éviter les ennuis et soigner votre épargne. Le rat est très sexy (ça, on se rend pas compte, nous !) et très sexuel (plus évident). On parle d'aide mutuelle ; pas de se retrouver à la tête d'un peloton de 36 qui viendront prendre le goûter chez papa-rat dès que maman ira courir les champs. Rappelons que votre compagnon ne vous coûte quasiment rien en alimentation. La castration est donc rentable et une fois débandé (j'entends par là tout pansement ôté, que n'allez-vous chercherInnocent), il n'y pensera plus. Avec un décilitre de mauvaise foi, j'ajouterai pour mon argumentation que son imagination y gagnera. La loi de la compensation, vous comprenez.

Considérez tout cela comme du long terme. Tout étant relatif en ce bas monde, malheureusement son espérance de vie moyenne ne dépasse pas 3 ans. Mais ce seront 3 ans pleins. Presque 2000 jours. Essayez aussi de faire mentir les statistiques, comme je le dis toujours. Avec de l'affection, de l'attention, on peut aller plus loin. Voyez-le, non, prenez-le comme un défi. 

 

ET Paris sera tranquille

Un ou deux rats par foyer, ce sera respirable.

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Bientôt, il sera sur votre épaule. Mais choisissez les coins si vous décidez de sortir, souvenez-vous d’où on part : de la menace d’une extermination.

 

 

 

La vie pourrait être bien jolie

Mais là aussi, il y a des barricades.

Il n'a rien fait pour, ni contre, mais aucun vaccin n’a été adapté au rat. Il tient la haine dans son histoire. Son extrême intelligence ne lui a pas permis de comprendre pourquoi il était un excellent coupable. Comme s'il les avait choisi, sa peste et son choléra.

Alors il court, loin des labos, loin des mains. Même les chats l’ont pris en pitié.

 

Le rat est incurable. Il se contente de faire des expériences pour nous.

 

 

                                                          Corine 

 

 



28/09/2017
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